À Saint Cyr, dans un environnement rural dont il apprécie le calme, il écrit près de quinze romans sur les trente cinq que compte son œuvre.Ouvrages souvent inspirés par l’Histoire, le Protestantisme, l’engagement militant et bien souvent sur fond de sa région d’origine, les Cévennes
Quelques éléments sur la biographie de Jean-Pierre Chabrol à St Cyr sur Morin
Écrit en 2018
Jean Pierre Chabrol naît en 1925 à Pont de Rastel, petit village cévenol, au cœur du pays minier situé au nord d’Alès. Ses parents sont instituteurs, laïques et républicains. À peine commencées des études qui se révèlent brillantes, il les interrompt pour rejoindre le maquis FTP (Francs Tireurs Partisans). C’est là, au contact des autres Résistants venus de l’Europe anti-fasciste et des modestes ouvriers, paysans et mineurs de la région, qu’il acquiert une culture et une sensibilité communistes. À la fin de la guerre, il reprend très momentanément, ses études bénéficiant d’une bourse… d’Ancien Combattant. Il a vingt ans. Sur les bancs de l’Université il rencontre celle qui devient sa première épouse, Noëlle Vincensini. Elle-même a été résistante. Arrêtée, torturée, déportée au camp de Ravensbrück, elle en est l'une des rares survivantes. Ensemble ils militent. Élue conseillère municipale à Palaiseau, elle est chargée des manifestations culturelles. C’est dans le cadre de ses fonctions qu’elle programme un certain nombre d’artistes alors inconnus, Francis Lemarque, Brel et un certain… Georges Brassens.
Lui, compagnon de route du PC, travaille, écrit, dessine de façon satyrique pour le journal l’Humanité. En désaccord avec l’invasion des troupes soviétiques en 1956 à Budapest, il prend ses distances avec le parti et renonce à son emploi de journaliste à l’Humanité.
En 1958 Georges Brassens l’aide financièrement à acquérir une petite maison au hameau de Courcelles la Roue, à Saint Cyr sur Morin. Ceci afin que Jean Pierre Chabrol puisse essayer de vivre au calme de son écriture. Il est encouragé en cela par Aragon. Les moyens matériels sont limités. Jardin et basse-cour participent à l’autosuffisance de la famille Chabrol qui maintenant compte quatre enfants. Tout ceci n’empêche pas les Chabrol de tenir table ouverte aux copains, certains devenus célèbres, d’autres en passe de le devenir : Mouloudji, Yves Montand, Costa Gavras, etc. Jean Pierre Chabrol a pour voisin Pierre Mac Orlan avec qui il sympathise, l’écriture participant sans nul doute à cette rencontre. Au décès de Mac Orlan en 1970, Jean Pierre Chabrol fera partie des amis proches de l’Ermite de Saint Cyr qui veilleront au respect testamentaire et au maintien de la mémoire de son œuvre. Jean Pierre rend visite aussi à Jacques Canetti non loin de là, à Chavigny, autre hameau de Saint Cyr, dans sa résidence secondaire. Directeur du théâtre des Trois Baudets, Jacques Canetti le programmera au début des années 60.
Les enfants Chabrol se souviennent de Brassens, lors de ses visites, comme d’un agréable tonton attentif et attentionné, s'adressant à eux en tant que personne et non à la représentation stéréotypée que l’on se fait d’un enfant. L’amitié qui lie le polisson de la chanson et l’écrivain-dessinateur et bientôt conteur est suffisamment grande pour que les meilleures interviews de Georges soient réalisées par son ami Jean Pierre. À Saint Cyr, dans un environnement rural dont il apprécie le calme, il écrit près de quinze romans sur les trente cinq que compte son œuvre. Ouvrages souvent inspirés par l’Histoire, le Protestantisme, l’engagement militant et bien souvent sur fond de sa région d’origine, les Cévennes. Tout comme dans les œuvres de Pierre Mac Orlan et de Georges Brassens, les Humbles et les Sans Grades ont une place privilégiée. Ils seront les véritables héros de leurs œuvres romancières, poétiques et chansonnières.
En 1971 il revient dans sa maison natale aux Gravas, au village de Chamborigaud où il retrouve ses parents, le pays, son pays.
Le début des années 80 est marqué par des deuils successifs : sa mère, sa seconde épouse avec laquelle il a eu deux jeunes enfants, ses amis, certains anonymes cévenoles et d’autres plus connus, ses copains Brassens et Brel. Moment de chagrin… Moments de réflexion… Doute… Quelques années passent.
Il était déjà conteur occasionnel. Il retrouve toute son énergie et le devient professionnellement. Il est aussi acteur et homme de théâtre et de télévision. Il est Le Conteur de la veillée cathodique. Il se remarie en 1999 et meurt en 2001 dans son pays, celui qu’il a si bien ressenti, décrit, tant vanté.
Pour l’association TERROIRS Pierre POMA
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